Links: Faisons un peu de route sans bouger


Sans bouger car bloqués par cette stupide pandémie, ou plutôt par les décisions prises par l’Etat algérien. Vous l’aurez compris, bouger pour moi équivaut à aller en Algérie, ce que je n’ai pas pu faire depuis fin 2019 jusqu’à il y a un mois. Un retour que j’ai promis de conter sur ce blog. Watch this space.

Mais restons sur le sujet d’aujourd’hui. Sans trop l’avoir prémédité, ne foulant pas des pieds la terre de Béjaia, je me suis mis à regarder des vidéos YouTube sur Béjaia. Je m’en suis farci beaucoup, des bonnes aux très mauvaises. Et c’est ainsi que, de fil en aiguille avec les suggestions de YouTube, j’ai découvert un certain nombre de vlogs et je voudrais partager avec vous ceux que je suis régulièrement. Beaucoup (tous?) sont connus avec un public déjà bien établi mais ça ne mange pas de pain de les citer.

Je commence par Nawel qui aura été ma porte d’entrée vers ce monde et dont je regardais les vidéos dans lesquelles elle filmait les rues de Béjaia. Je ne me serais jamais imaginé regarder une vidéo des rues de ma ville et maintenant que j’y suis repassé je ne comprends pas l’avoir fait; probablement un des nombreux ravages psychologiques du Covid.

Mais dans cette catégorie de vlogs voyages, Mohamed Djamel Taleb est probablement celui que j’apprécie le plus, pour la qualité de ses voyages, de ses images et de ses messages. Je suis en plus fan d’Elatrous. Il est dommage qu’il ne publie pas assez souvent. Il y a aussi Lamine Emilio qui mérite d’être suivi. Je le citerai encore dans un post à venir. Djawed qui a été coincé en Asie au plus haut de la première vague du Covid est également sympa à suivre avec des vidéos intéressantes et une personnalité que j’aime bien. Last but not least, le vlog de Khoubaib est pour moi celui qui mérite la mention vlog voyage, avec des destinations inhabituelles (pour un Algérien), de l’aventure et beaucoup d’informations intéressantes.

C’est bien de voyager mais tout le monde n’en a pas les moyens financiers ni administratifs: au visa difficile à obtenir s’ajoutent maintenant le vaccin anti-Covid avec des marques acceptées qui ne sont pas disponibles chez nous et l’Algérie qui a fermé ses frontières. D’ailleurs, certains ne veulent pas tellement voyager mais juste pouvoir sortir du pays, l’espoir qu’a fait renaître le Hirak s’est dissipé au fil du temps et on voit hélas de nouvelles vagues (je déteste ce mot) de harragas viser les côtes européennes. Bref, parmi ceux qui se sont établis à l’étranger, je suis Lokmane que j’aurais pu classer dans la première catégorie. Je ne suis pas très fan mais je regarde ses vidéos, il a un profil spécial et il peut être drôle. Les autres que je suis dans cette catégorie on quitté l’Algérie par le moyen de la Harga justement et leurs vlogs sont destinés aux harrags, futurs harrags, ex harrags, mais pas seulement (la preuve, je les suis mais je ne saurais vous donner une raison). Ils sont nombreux sur YouTube, ce qui m’a d’ailleurs surpris, mais je n’en suis que deux: Rafik et Raaid. Les autres sont trop coincés dans le sujet: comment séduire une polonaise pour l’épouser et régulariser sa situation, je caricature à peine. A vous de décider si vous les trouvez intéressants.

Voyager est également possible en Algérie. Djamel Taleb et Lamine Emilio ainsi que Nawel ont d’ailleurs plusieurs vidéos de voyages à l’intérieur du pays. Si seulement les infrastructures et tout l’environnement se mettaient au niveau du potentiel. Mais on peut voyager et travailler en même temps (ce que je faisais avant le Covid) et on peut le faire de manière différente si on est chauffeur routier. C’est le cas de Khaled qui nous fait découvrir tous les coins du pays et qui m’a fait connaître le verbe “yezlagui” dont j’ignore le sens mais que j’utilise tout le temps désormais. Il y a aussi Youssef qui fait de longs trajets avec des routes qui mériteraient d’être sur National Geographic, mais sans l’extravagance de Khaled. En dernier, je suis Abdeldjebar dont les trajets se limitent souvent à Sétif/Béjaia/Jijel, ce qui explique que je le suive malgré la simplicité de ses vidéos. Je suis fan de son “salam 3likoum khawti” qui vaut mille “Khawti khwatati” de Abdou Semmar.

Admirez un peu mes transitions. Pour être routier il faut passer un permis de conduire poids lourd, et il vous faut donc une auto école. Il suffit de demander. Voici d’abord les vlogs d’El Moataz Bellah à Laghouat. J’aurais aimé l’avoir comme moniteur tellement il me parait sympa et pédagogue et en plus j’aime son “ya3tina essaha”. Il y a également Hayet de Khraissia. Telle une Oum Walid, elle ne montrait pas son visage puis elle a decidé de se montrer quand des concurrentes malhonnêtes prétendaient être elle pour augmenter leur clientèle. Et pour rester sur l’axe Sétif/Béjaia/Jijel, voici une autre Hayet de Ain Azal et Sissaoui de Jijel.

C’est tout pour aujourd’hui. Un post pour échapper à l’actualité morose mais sans trop s’en éloigner. La prochaine fois nezlaguilkoum un post sur mon voyage en Algérie.

Morts pour la France? Du cinéma


Je boucle douze mois sans rentrer en Algérie et c’est une première pour moi qui suis habitué à y aller deux ou trois fois par an. Des circonstances m’en ont empêché fin 2019 puis vint la COVID-19. C’est ainsi qu’Octobre me trouva sans avoir pris de congé depuis le début de l’année, attendant une improbable ouverture des frontières. En vain.
Réalisant que c’était cuit pour cette année, j’ai décidé de profiter de quelques jours de repos au plus près de l’Algérie, à Cannes en France. C’est ma première visite dans le sud de la France, une région qui ne m’a jamais tenté.

A Cannes et sans plan de visite particulier, je me suis dirigé vers la mer avec l’espoir enfantin d’apercevoir un bout de ma terre natale en regardant loin vers le sud. Mais tel Christopher Columbus, la terre qui me faisait face et que j’aurais pu prendre pour Cap Carbon était en réalité une île française. J’ai consulté Wikipedia et j’ai appris le nom de l’île, Sainte-Marguerite, une des îles de Lérins. Et Wiki m’appris que sur cette île se trouvait Continue reading

Réappropriation


Il y a quelques années, en 2013 si je me souviens bien, et à l’occasion de la célébration du 5 Juillet 1962, le ministre de l’intérieur, Dahou Ould Kablia avait déclaré qu’il fallait toujours célébrer et rappeler ces événements historiques tout en admettant que la nouvelle génération ne s’y intéressait pas trop. Et en effet, la célébration publique de ces événements se faisait dans un cadre confidentiel entre officiels et en l’absence presque totale du peuple. Le 1er novembre et le 5 juillet n’étaient que des jours fériés parmi d’autres et les journées symboliques ne donnant pas droit à un repos n’étaient même pas notées.

C’était donc tout le peuple et pas seulement la nouvelle génération qui affichait son indifférence. A moins peut-être que dans l’esprit du ministre, la nouvelle génération ait été celle qui n’avait pas son age – il est né en 1933. Ne sommes nous pas jeunes très longtemps en Algérie? Continue reading

Book Review: De la barbarie en général et de l’intégrisme en particulier


Dans mon précédent post, je vous expliquais comment vous avez échappé à une critique d’un livre médiocre. Aujourd’hui, je vais dire quelques mots d’un livre que j’ai noté “deux étoiles” sur GoodReads. Je ne pouvais lui filer la moyenne, trois étoiles, car le sens des deux étoiles, “it was OK”, reflétait ce que j’en avais pensé après sa lecture.

Il s’agit donc de “De la barbarie en général et de l’intégrisme en particulier” de Rachid Mimouni, un auteur dont j’aime l’oeuvre littéraire. Mais ce plaidoyer, car c’est bien ce que c’est, m’a déçu. Surtout venant de lui.

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Merci la quatrième de couverture


Il est rarement facile de ne pas se tromper en achetant un livre. Le nom de l’auteur et ses précédents livres, le titre du livre, l’éditeur et les diverses recommandations réduisent à peine le risque de se tromper. Et c’est problématique quand on y met un certain prix ou, comme c’est mon cas, on refuse d’abandonner la lecture d’un livre (rares exceptions me concernant, les Kamel Daoud suivant Meursault que j’avais terminé difficilement, Nedjma de Kateb et quelques Assia Djebbar)

Je lis donc des passages au hasard à l’intérieur du livre avant de l’acheter mais le risque demeure présent.

C’est pour cela que je dédie un post entier de remerciements aux éditions La Pensée (ya khouya ya khouya) qui, malgré un titre attractif (je suis la cible idéale de ce type de titres), m’ont rendu service avec les extraits choisis pour la quatrième de couverture. J’ai pu ainsi échapper à une souffrance certaine. Les lecteurs de PoF devraient également être reconnaissants car ils échappent à un post de critique de ce livre (tout en se farcissant celui-ci).

Merci encore!

dav

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La Mort


Je me dis que je devrais peut-être me remettre à écrire en Anglais. C’est la langue officielle de ce blog et PoF était de ce fait un précurseur, bien avant que les populistes et autres fans du nouvel homme fort de la place d’Alger fassent de l’adoption de l’Anglais et remplacement du Français à la fac, et ailleurs, une réponse au Harak.

Réécrire en Anglais me remettrait dans l’air du temps, sans garantie toutefois pour le sens de l’Histoire. Car le Harak se poursuit et son exigence principale, le changement du régime, ne souffre aucune ambiguïté ni fléchissement. Le pouvoir peut tenter de s’accrocher en multipliant ses réponses. Il appelle au dialogue et à l’implémentation de la volonté du peuple et en même temps, il réprime les manifestations et tente de les empêcher en bloquant les accès aux lieux de rassemblement. Il alterne entre des messages agressifs et d’autre qui feignent la compréhension. Il met les manifestants en prison tout comme il y met d’anciens symboles de l’ère Bouteflika. Mais tout ceci sera vain car le sens de l’Histoire est que le peuple gagnera et reprendra le contrôle de son destin, et ce régime mourra (yetnahha ga3) et nous passerons à autre chose. Continue reading

Book Review: J’étais Français Musulman


Je vais le dire franchement et sans exagération aucune. Ce livre est une pépite, un des meilleurs, si ce n’est le meilleur de tous les témoignages écrits par ceux qui ont participé à la guerre d’indépendance et que j’ai pu lire. Et que dire de cette magnifique photo de couverture prise à Berrouaghia en 1962!

Je viens de terminer sa lecture et j’écris donc ce post à chaud, ce que je fais d’habitude quand je descends un ouvrage (vous n’avez qu’à lire mes autres comptes-rendus de lecture). Et je vous assure que s’il n’y avait que l’état du cinéma algérien de mauvais et le monopole des ministères de la culture, de la défense et des moudjahidines quand il s’agit de faire des films sur la révolution et ses héros, alors je serais quand-même dehors chaque Vendredi (ou Samedi) pour exiger leur départ et crier yetnahhaw ga3 car ils empêchent de se faire, avec la qualité qu’il faut, des films tels que celui que j’imagine à partir des mémoires de Mokhtar Mokhtefi, et bien d’autres. Continue reading

PoF Leak: Crise de jalousie au sein de l’Unique


Vous allez me dire que PoF Leak ne va pas être suffisant, que je devrais lui ajouter Urgent, Exclusif, عاجل et حصري tellement cette information parvenue à notre blog est fraîche. C’est en tous cas ce que feraient les chaînes algériennes privées de désinformation. Mais on est sur PoF ici et PoF Leak fait largement l’affaire.

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Du harak et de l’armée


Il y a longtemps qu’un guest n’a pas ecrit sur notre blog. Aujourd’hui, et avec le Harak qui se poursuit depuis le 22 Fevrier dernier, se profilent des changements majeurs dans notre pays qui depassent le depart de Bouteflika. Je repense toujours a la Coupole et au pouvoir et ses clients qui voyaient les elections du 18/04 et le passage au cinquieme mandat comme une simple formalite. Des changements sont donc en vue mais avec et avant eux il y a une periode de doutes, de peurs, de manoeuvres et d’incertitudes. Tout le monde ne percoit pas clairement ce qu’il se passe, beaucoup se perdent en confondant les faits avec leurs desirs et l’idee qu’ils se font de telle institution ou telle personnalite. Et chacun y va de son analyse.

Machintruq nous livre la sienne dans ce court texte accompagne de cette illustration parlante de Karim Bouguemra. Au lecteur d’en prendre note et de lire la suite des evenements en la prenant comme point de depart.

فليتفضّل مشكورا Continue reading

Nous n’avons pas la culture d’El Bouazizi?


Les habitants du Sud algérien dont on a découvert l’existence il y a à peine quelques années se comportent de plus en plus comme leurs compatriotes du Nord. Ils se plaignent et revendiquent. Peut-être même qu’ils vont se mettre à moins aller voter, à vérifier dans moins d’un an. Leurs méthodes de revendication ne sont cependant pas toutes similaires. Certaines ont même été qualifiées d’exemplaires comme ce fut le cas des rassemblements contre l’exploitation du gaz de schiste. On peut également citer les mouvements des chômeurs.

Ces derniers mois, de nouvelles manifestations ont lieu avec des revendications sociales pour l’essentiel: pour un accès au logement, aux hôpitaux, à l’eau potable, à l’électricité, aux opportunités d’emploi, aux loisirs, etc. La presse en a parlé sans plus, jusqu’au jour où, à Ouargla, des gens ont empêché l’organisation d’un concert et ont fait la prière de l’Ichaa sur place. Je vous épargne les lectures idéologiques et bigotes (tous bords confondus) de cet événement de la part de journalistes idéologues, politiciens opportunistes et simples internautes qui se sont confondus pour le coup dans le simplisme et ne sont pas allés plus loin dans la recherche de l’information sur ce qui s’était réellement passé et dans quelles circonstances. Bref, Continue reading